Révéler la saison des pommes de pin : calendrier, secrets et usages #

Les périodes cruciales de la récolte des cônes #

La maturité des pommes de pin varie fortement en fonction des essences et des conditions climatiques locales. Pour le Pin maritime des Landes et de Gascogne, la récolte s’effectue du mois d’octobre à mai. Ce calendrier, suivi par des entreprises spécialisées telles que Océopin (cosmétiques naturels, huile de graines), implique des opérations menées durant les périodes froides, parfois sous des pluies persistantes caractéristiques du Sud-Ouest français. Dans les massifs méditerranéens, le Pin parasol, à la silhouette majestueuse, est récolté en pleine chaleur, principalement entre août et septembre, lorsque les cônes profitent de l’ensoleillement pour s’ouvrir et libérer les précieux pignons.

• Pin maritime (Pinus pinaster) : récolté traditionnellement dans le massif des Landes et de Gascogne de novembre à mai, selon les cycles de maturation locale. En 2022, ce segment a généré près de 140 tonnes de cônes pour la seule filière cosmétique régionale.
• Pin parasol (Pinus pinea) : récolte avant tout en août-septembre dans les régions méditerranéennes comme le Var ou la Provence Alpes Côte d’Azur, pour obtenir des cônes pleinement mûrs, ouvrant la voie à la collecte de pignons comestibles.

Cette différenciation liée aux saisons induit un découpage rigoureux du calendrier et conditionne les flux de main-d’œuvre, le matériel mobilisé ainsi que la qualité finale des récoltes. Chaque année, la météo, notamment la pluviométrie et les variations extrêmes de températures, influe sur la date d’ouverture des cônes ainsi que sur la disponibilité en graines.

Des savoir-faire traditionnels fidèles à la forêt #

La cueillette des pommes de pin repose en grande partie sur des techniques héritées du passé, où chaque geste traduit une fine connaissance du cycle biologique des pins et des impératifs de conservation de la ressource. Dans la forêt des Landes, la cueillette est orchestrée par des équipes familiales ou des structures spécialisées, qui arpentent le sous-bois dès le début de la saison, équipées d’outils simples mais ciblés.

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• Gants spéciaux pour se prémunir des écailles acérées et du froid hivernal parfois mordant.
• Sacs de jute pour le transport, permettant l’aération des cônes fraîchement récoltés, évitant leur décomposition prématurée.
• Perches ou crochets métalliques pour l’accès aux cônes sur les branches les plus hautes, savoir-faire transmis chez les habitants du littoral atlantique depuis la fin du XIXe siècle.

La sélection s’effectue uniquement sur des cônes dits « de l’année », gage de fraîcheur et d’intégrité des graines. L’équipe de Françoise Martin, cheffe cueilleuse pour Océopin depuis 2009, rappelle que « le respect de la nature passe par une observation attentive, chaque pied de pin ayant sa propre temporalité ». Cette démarche s’inscrit dans un souci permanent de préservation de la forêt, à rebours des logiques industrielles à haute mécanisation. Les rendements demeurent donc fluctuants, mais la qualité des produits issus reste inégalée.

Les essences de pins et leurs spécificités saisonnières #

La diversité des pins utilisés en France illustre la richesse de la forêt hexagonale mais impose des adaptations fines, que ce soit sur le plan logistique ou technique. Pour le Pin maritime, majoritaire sur le littoral atlantique, la récolte des cônes fermés s’aligne avec la saison fraîche, nécessité par la conservation optimale de la graine.

• Le Pin maritime demeure l’arbre emblématique du massif landais, avec une exploitation marquée dans les communes de Lacanau, Mimizan ou Biscarosse. Sa graine, une fois extraite, fournit un huile végétale haut de gamme, prisée par les acteurs mondiaux de la cosmétique tels que Caudalie ou Nuxe.
• Le Pin parasol, concentré dans le Bassin méditerranéen, livre ses célèbres pignons : la récolte, effectuée principalement à la main, concerne des territoires variés, du Littoral varois à la Costa Brava en Catalogne. Chaque kilo de pignons nécessite la transformation de près de 3 kg de cônes frais.

Les producteurs, afin de garantir leur rendement et la régularité des apports, coopèrent souvent avec les pépiniéristes forestiers pour réactualiser le patrimoine sylvicole face à l’évolution climatique et à l’arrivée de maladies telles que la fuseariose du pin, signalée dès 2018 dans le Tarn et les Landes.

Pommes de pin, graines et pignons : usages multiples selon la période #

L’intérêt porté à la pommes de pin ne se limite nullement au secteur alimentaire. Leur premier usage demeure, certes, la production du pignon de pin, ingrédient phare de la gastronomie méditerranéenne et composante majeure de la pesto alla genovese en Italie ou des tuiles aux pignons dans des pâtisseries françaises. Au-delà, la graine, une fois pressée, donne une huile précieuse employée tant par les laboratoires de cosmétique (Océopin, Caudalie), que par les spécialistes du bien-être corporel pour ses propriétés régénérantes et antioxydantes.

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• Décoration d’intérieur : Les cônes séchés ornent les tables de fêtes hivernales, décorent les vitrines de grandes enseignes comme Nature & Découvertes, et deviennent l’élément central de créations DIY en vogue sur les réseaux sociaux.
• Jardinage écologique : Leur usage en paillage végétal permet d’aérer le sol, de limiter l’évaporation et de protéger le pied de plantes sensibles. La pépinière du Jardin d’Essai à Montpellier estime une baisse de 20% de la consommation d’eau sur les massifs enrichis en cônes broyés.
• Source de pigments naturels : dans le secteur artisanal, on utilise certaines espèces pour élaborer des encres, teintures et agents de tannage.

Une récolte bien conduite garantit la performance de ces utilisations. On observe un attrait grandissant pour le circuit-court, où le cône passe de la cueillette à la transformation, puis à la distribution locale, valorisant ainsi la filière et améliorant l’empreinte environnementale des produits finis.

Impact climatique et fluctuations annuelles de la saison #

L’influence des aléas météorologiques se fait sentir chaque année sur la qualité et le volume des pommes de pin récoltées. Le réchauffement climatique amplifie la variabilité des récoltes, provoquant des pics de production ou, au contraire, des pénuries. Dans le Sud-Ouest, les épisodes de canicule estivale, observés notamment en juillet 2023, ont accéléré l’ouverture prématurée de nombreux cônes, réduisant mécaniquement la part de graines matures exploitables dans le secteur cosmétique.

• Année 2022 : baisse de rendement de 18% mesurée par la Chambre d’Agriculture des Landes suite à un été exceptionnellement sec.
• Perturbation des cycles de germination : Les laboratoires de l’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement) alertent sur le déficit de précipitations récurrent qui compromet la reproduction des pins sur plusieurs massifs.
• Phénomènes d’ouverture inexpliquée : En 2024, sur la Côte basque, une forte amplitude thermique entre mars et avril a provoqué l’éclatement rapide de cônes sur 12% des arbres étudiés par le Centre Régional de la Propriété Forestière Nouvelle-Aquitaine.

La saison des pommes de pin s’inscrit donc dans une logique adaptative, où la surveillance des conditions climatiques et l’analyse annuelle des rendements permettent aux producteurs de s’ajuster en temps réel. On perçoit ainsi combien ce secteur exige une capacité d’anticipation et d’ajustement exemplaire, renforçant la résilience des filières locales. En tant qu’observateurs impliqués, nous considérons que l’avenir de la récolte dépendra fortement de l’innovation agronomique, de la gestion responsable des habitats forestiers et de l’appropriation de données météorologiques fine et partagée – axes déjà déployés par des groupes comme Météo-France ou le Groupe CNPF.